Anxiété
L'anxiété est une réponse adaptée et souhaitable de notre organisme. L'anxiété est peut-être en fait la réaction qui fut, au cours des millénaires, la plus importante pour notre survie en tant qu'espèce.
L'anxiété est une réponse qui sert à mettre le corps en état d'alerte face à un danger. L'anxiété est aujourd'hui une réponse archaïque de l'organisme qui met le corps dans le même état que lorsque l'être humain vivait dans la forêt et devait affronter une meute de loups ou un ours. En anglais on l'appelle la réponse du "fight or flight". Face à un danger, le corps se met en état de se battre (fight) ou de prendre la fuite à toute vitesse (flight) pour sa survie.
Ainsi, la respiration s'accélère afin d'offrir plus d'oxygène aux muscles qui devront travailler, le cœur bat plus rapidement afin d'acheminer cet oxygène rapidement au corps et la sudation permet de rafraîchir les muscles qui travailleront et auront chaud (pensez aux mains moites, au front qui perle). En cas d'anxiété importante, le corps ne peut se permettre de fournir de l'énergie à la digestion puisque toutes les ressources devront être consacrées aux muscles (pour courir ou se battre), c'est ce qui déclenche alors les maux de ventre et même le vomissement. les yeux s'ouvrent grand et les pupilles se dilatent afin de bien percevoir l'ennemi, ainsi que les voies pour s'échapper.
Cognitivement, le cerveau devient hypervigilant et très concentré sur une seule chose: le danger. Tout le reste est secondaire et le cerveau n'en tient pas compte.
Aujourd'hui, dans les années 2000, nous n'affrontons plus de meutes de loups, ni d'ours. Les dangers que nous devons affronter ont évolués et sont maintenant beaucoup plus abstraits. On les appelle des stresseurs "relatifs". Pour un enfant, un examen de français peut représenter un danger.
Une période de récréation où il se fait intimider ou rejeter peut représenter un danger. Le fait d'anticiper la séparation de ses parents ou même de déménager peut aussi être interprété comme un danger par l'enfant. Bien que dans notre société, face à ces dangers, il ne sert plus à rien de se battre ou de courir, le cerveau lui, continue à réagir en mettant en branle tous les mécanismes du "fight or flight".
L'anxiété chez l'enfant apparaît souvent lorsqu'il se sent placé dans une situation d'où il ne peut se sortir, et dans laquelle il anticipe un échec presque inévitable. L'enfant dyslexique pourra être anxieux face aux examens de français (qu'il ne peut éviter et auxquels il se bute constamment à l'échec), l'enfant SDNV ou même doué intellectuellement pourra être anxieux face aux périodes de récréation à l'école (auxquelles il ne peut se soustraire et qui lui amènent constamment des échecs sur le plan social).
La chercheure en neurosciences Sonia Lupien énumère sous l'acronyme "SPIN" quatre facteurs à la base de toute situation stressante:
- S pour Sens du contrôle diminué
- P pour Personnalité menacée
- I pour situation Imprévisible
- N pour situation Nouvelle
Visionnez ici le reportage à Découverte sur le stress chez les enfants et adolescents
On sait aussi que l'anxiété présente un fort niveau de transmission d'un parent à son enfant, et qu'au delà de la génétique, l'anxiété peut aussi être une réponse apprise par observation du parent.
Dépression et perte d'estime de soi
On parle rarement de dépression majeure chez un enfant, mais cela peut tout de même arriver. On parle davantage cependant de démotivation, de tristesse et de perte d'intérêt. Souvent cet état survient suite à des échecs répétés et s'accompagne d'une faible estime de soi. L'enfant se compare de façon défavorable à ses pairs qu'il perçoit comme plus aptes à réussir, meilleurs et plus compétents. Il prend conscience de ses échecs et commence à se dire que peu importe l'effort qu'il y mettra, il échouera. C'est ce que l'on appelle alors l'impuissance acquise: l'enfant s'est convaincu qu'il est impuissant face à ses difficultés. Les aspects dépressifs apparaissent généralement lorsque l'enfant se sent à la fois impuissant et incapable de réussir, qu'il rencontre effectivement des échecs répétitifs, et qu'il se sent puni, réprimandé ou dévalorisé suite à ses échecs. Les enfants qui présentent un trouble d'apprentissage ou un TDAH présentent
L'estime de soi se construit par les succès et les mots d'encouragement, alors qu'elle se démolie par les échecs et les commentaires négatifs. Il est essentiel qu'un enfant vive des succès et des réussites, sur le plan académique, mais aussi sur les plans artistique, sportif et social. Il est essentiel aussi que l'enfant puisse lire la fierté dans les yeux de ses parents et qu'il sente que ceux-ci lui retournent une image positive de lui-même. Les parents ont donc un rôle majeur à jouer dans l'estime de soi d'un enfant. L'enfant doit sentir non seulement un amour inconditionnel, mais aussi une fierté inconditionnelle de ses parents envers lui. Peut importe ses succès et ses échecs, il doit savoir que ses parents sont fiers de lui et qu'ils l'aiment. Cela constitue la base de sécurité de l'enfant. L'image que lui reflètent ses parents est l'image que l'enfant se construit de lui-même et qu'il intègre.