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10 Trucs et stratégies pour intervenir sur l’irritabilité et l’agressivité de l’enfant en milieu de garde

Vous travaillez en milieu de garde et vous êtes confronté.e à des tout-petits qui sont facilement irritables? Vous n’êtes pas seul(e), il s’agit de l’une des préoccupations principales de parents et d’éducateurs d’enfants en bas âge. L’irritabilité pourrait être définie comme un seuil réduit de tolérance aux frustrations, amenant l’enfant à vivre facilement de la colère et à avoir peu de contrôle sur celle-ci. À cet âge, un manque de contrôle sur la colère mène à des passages à l’acte lors desquels l’enfant peut : crier, frapper, pousser, cracher, mordre, et lancer des objets. La colère est l’émotion vécue par l’enfant, l’agressivité/ violence correspond à l’ensemble des actions qui sont posées et motivées par l’émotion de colère. 


Le «terrible two» :

Vous connaissez l’expression? Cette période vers l’âge de deux ans où l’enfant semble vouloir s’opposer à tout, uniquement pour s’opposer! Les adultes en bavent pour obtenir la collaboration de leur enfant pour la moindre demande, comme, par exemple : s’habiller, manger, se laver, se coucher, mettre la ceinture en voiture, ou redonner un jouet lorsque la période de jeu est terminée. On cible l’âge de deux ans par l’expression «terrible two», mais dans les faits, on devrait plutôt parler de la période allant de deux à quatre ans. Cette période est propice à l’opposition et aux réactions de colère parce que l’enfant apprend à développer son autonomie. Entre deux et quatre ans, le langage et la motricité se développent de façon fulgurante, tout comme les capacités de l’enfant à penser par lui-même. Il réalise qu’il peut s’affirmer et parfois obtenir ce qu’il veut par son comportement. Il explore ce nouveau pouvoir et s’emballe de sa nouvelle autonomie, ce qui demande beaucoup d’ajustements pour les parents et les éducatrices/éducateurs en milieu de garde !

Les causes de l’irritabilité et de l’agressivité au préscolaire : 

L’irritabilité et l’agressivité font partie du développement normal des enfants entre zéro et cinq ans, et ce, autant à la maison qu’en milieu de garde. Pendant cette période, l’enfant vit de petites frustrations au quotidien, mais neurologiquement il ne dispose pas des capacités d’auto-contrôle de sa colère.

Les frustrations peuvent être causées par : 

  • Une motricité fine encore immature. Par exemple, une petite fille essaie de faire une tour avec des blocs qu’elle empile, mais sa tour s’effondre constamment. Un petit garçon veut montrer à ses parents qu’il est capable d’attacher lui-même la fermeture éclair de son manteau, mais n’arrive pas à insérer l’une extrémité dans l’autre. Un enfant veut transporter lui-même son verre de jus, mais en renverse la moitié en chemin, par maladresse. Tous ces exemples sont frustrants et peuvent faire monter la colère chez l’enfant.
  • Un langage insuffisant pour exprimer une idée. Pensez à quel point il peut être frustrant de chercher à exprimer une demande importante, mais de ne pas être compris par notre interlocuteur. L’enfant en bas âge vit constamment ce genre de frustration parce qu’il ne dispose pas des mots et des constructions de phrase pour exprimer adéquatement sa pensée. L’enfant qui présente un retard de langage est d’autant plus exposé à ce genre de frustration au quotidien. 
  • Une absence de code de conduite dans les interactions sociales. Au cours de la période préscolaire, les enfants ne maîtrisent pas les codes de conduite qui permettent des relations sociales harmonieuses. En gros, ils sont guidés par leurs pulsions et leurs envies, sans prise de considération de l’autre. Alors s’ils veulent la petite voiture qu’un autre enfant tient dans sa main, ils vont simplement lui arracher des mains! Ils ne savent pas qu’on peut négocier une entente avec l’autre enfant pour partager le temps d’utilisation de la petite voiture et ils ne sont surtout pas outillés pour négocier cette entente! Alors ils agissent selon leurs impulsions, ce qui fait réagir l’autre enfant et occasionne des conflits versant rapidement dans la colère et l’agressivité. Les conflits de possession d’objets sont fréquents dans les milieux de garde.
  • De nouvelles règles créent de nouvelles frustrations. L’arrivée en milieu de garde représente pour certains enfants l’imposition de nouvelles règles et d’un nouveau cadre par rapport à ce qu’ils connaissent à la maison. Qui dit règlements, dit aussi frustrations! Les règlements sont essentiels au bon fonctionnement de l’enfant, mais ils visent souvent à l’empêcher de réaliser certaines envies. C’est frustrant! 

D’autres causes comme des stress vécus à la maison, des conflits agressifs entre les parents ou une impulsivité liée à un TDAH par exemple, peuvent également expliquer la présence de comportements agressifs chez l’enfant.

Trucs et interventions :

Nous vous proposons ici 10 stratégies, trucs et astuces pour une gestion adaptée des comportements agressifs qui peuvent survenir en milieu de garde. Ces stratégies visent à permettre une intégration positive des enfants plus irritables dans leur groupe.

  1. L’attention différentielle. Il s’agit ici de donner beaucoup d’attention à l’enfant lorsqu’il adopte les comportements que l’on recherche, mais de retirer cette attention pour l’ignorer lors de comportements désagréables. Attention, on ne peut ignorer des comportements où l’enfant risque de blesser un autre enfant, de se blesser lui-même, ou d’endommager des objets. Mais lorsque l’enfant commence à se plaindre, rechigner, parler d’une voix geignarde, pleurnicher pour un rien ou bouder, il est possible faire comme si l’on n’avait pas vu ou entendu ce comportement et simplement diriger notre attention ailleurs. Il est important par la suite de ramener une attention positive vers l’enfant lorsqu’il joue de manière adéquate, interagit bien avec ses pairs, ou respecte bien nos demandes et consignes. 
  1. Demandes réduites mais efficaces. Sans trop le réaliser, on finit parfois par imposer beaucoup de règles aux enfants. Sont-elles toutes essentielles? Peut-être pas. Chaque règle prive l’enfant d’une envie et lui offre une occasion de s’opposer et de vivre de la frustration. Parfois réduire le nombre de règles permet d’être moins souvent en intervention structurante, voire disciplinaire avec l’enfant et permet de préserver des moments de qualité sans conflit. Il sera ensuite plus facile d’être rigoureux et efficaces sur les règles et demandes que l’on choisit de maintenir.
  1. Louanges et récompenses. Les enfants, en grande majorité, aiment plaire à l’adulte et recevoir des louanges en lien avec leurs bons comportements. Il s’agit en fait d’un puissant motivateur pour eux. De plus, ils construisent leur identité en se basant sur les commentaires de l’adulte. Le fait de se faire dire qu’il est gentil, partage bien ou écoute bien, amène l’enfant à intégrer cette image de lui-même et à vouloir reproduire ces comportements. Inversement, les commentaires négatifs amènent aussi l’enfant à s’identifier à ceux-ci et à chercher à adopter de nouveau les comportements négatifs qui lui ont été reflétés. Un système de renforcement avec des jetons ou des petits collants peut très bien appuyer les louanges et permettre d’améliorer la collaboration de l’enfant.
  1. Routines. On sait que le stress est un facteur d’opposition et d’irritabilité. On sait également que parmi les plus grands facteurs de stress, on retrouve les situations imprévisibles et sur lesquelles on sent que l’on a peu de contrôle. Les routines permettent tout le contraire, soit de rendre les situations attendues plutôt qu’imprévisibles; et d’offrir un sentiment de contrôle puisqu’on peut voir venir les changements et différentes étapes de la routine. La routine permet également de diminuer les frustrations lorsqu’un enfant doit cesser une activité qu’il aime, puisqu’il peut anticiper ce moment de transition vers autre chose. 
  1. Cibler les déclencheurs pour les anticiper. Quels sont les principaux déclencheurs de colère chez un enfant de votre groupe qui est décrit comme plus irritable, agressif, et colérique? Lorsque l’on connaît les déclencheurs, il est plus facile de les atténuer et de les apaiser. Afin d’identifier les déclencheurs, vous pouvez tenir un petit journal des crises et noter :some text
    • Ce que l’enfant faisait juste avant la crise, 
    • La demande ou la frustration qui a généré la crise, 
    • Les réactions et interventions subséquentes de l’adulte afin de voir si celles-ci ont apaisé la crise ou l’ont plutôt entretenue. 
  1. Travailler les habiletés de régulation émotionnelle. Plusieurs petits livres existent afin d’expliquer les émotions aux enfants, dans des mots d’enfant. Le thermomètre de la colère est également un excellent outil de gestion émotive. On peut aussi aménager un coin d’apaisement dans la pièce avec, par exemple, un pouf de type «bean bag», une lumière tamisée, une couverture douce, et de la musique douce. Vous cherchez une bonne manière d’apprendre à l’enfant à prendre des respirations profondes ? Au-dessus du pouf, suspendre avec des ficelles des plumes qui descendent du plafond, et demandez à l’enfant de souffler dessus pour les faire bouger! Il devra prendre de grandes respirations et le mouvement des plumes sera apaisant. 
  1. Apprendre la gestion des provocations par les pairs. «C’est lui qui a commencé!!» Cette phrase vous dit quelque chose? Alors si c’est le cas, apprenons aux jeunes à gérer adéquatement les provocations des pairs. Par exemple, voici un plan pour l’enfant, en 4 étapes, à appliquer lorsqu’un ami fait quelque chose qui lui déplaît en milieu de garde : 
    1. Nommer à l’autre enfant ce qu’il vient de faire et dire que ça nous fâche ou nous fait de la peine : «Tu viens de passer devant moi dans le rang et ça, ça me fâche»
    2. Formuler une demande : «Je veux que tu retournes à ta place dans le rang.»
    3. Négocier une entente si possible : «Tu m’as pris le feutre rouge des mains et ça me fâche. Je veux que tu me redonnes le feutre que j’avais dans les mains. Je te propose de finir rapidement la section que je colore en rouge et de te donner le feutre rouge aussitôt que j’ai fini.»
    4. Faire appel à un adulte lorsque les trois premières étapes n’ont pas fonctionné.
  1. Identification de problème et perspective d’autrui. Comprendre la perspective d’une autre personne est l’une des habiletés sociales les plus précieuses en situation de résolution de conflit. On peut enseigner cette habileté chez les enfants en les amenant à écouter calmement la version de l’autre enfant et à comprendre que cette version a du sens si on se met dans ses souliers à lui / elle. Surtout, on peut apprendre à l’enfant que ce que leur ami a vécu lors du conflit peut avoir du sens sans que cela n’invalide ce que lui-même a vécu au cours de ce conflit. Par exemple, un enfant a vécu de l’injustice parce que son ami est passé devant lui dans une file d’attente pour un jeu. Cet ami pourrait quant à lui expliquer (avec l’aide de l’adulte) qu’il était tellement excité par le jeu qu’il n’a même pas vu qu’il était en train de passer devant un autre enfant. Ces deux vécus sont valides et ont du sens, on peut les comprendre et les valider et apaiser le conflit de cette façon. 
  1. Laisser le temps à l’expression verbale. L’enfant préscolaire est en pleine acquisition de son vocabulaire et ne maîtrise pas très bien les structures de phrase afin d’émettre clairement sa pensée. Ce qu’il dit et ce qu’il veut dire peuvent être deux choses bien distinctes. Ou il peut parfois chercher longtemps ses mots et reprendre ses phrases afin d’arriver à ses fins. Comme adulte, il faut de la patience, et une approche calme et rassurante pour que l’enfant s’apaise et pour éviter qu’il ne sente qu’il doit précipiter ses mots pour être entendu. Accroupissez-vous pour être à sa hauteur, placez une main rassurante sur son épaule et mettez-vous en mode «écoute», le temps qu’il faut, pour vous assurer que vous avez bien compris ce qu’il VEUT dire. 
  1. Favoriser et valoriser l’autonomie. Puisque l’opposition du «terrible two» (qui dure en fait souvent de 2 ans à 4 ans), vise principalement un gain en autonomie chez l’enfant. Alors favorisons l’autonomie afin de prévenir l’opposition! Laissez l’enfant faire par lui-même, félicitez et valorisez ses accomplissements et soulignez souvent comme il/elle est devenu.e un grand (ou une grande) ce qui lui permet de faire ce qu’il / elle fait. Enseignez-lui comment réaliser des choses qu’il veut faire seul mais ne sait pas comment. L’enfant que vous rendez autonome aura envie de collaborer avec vous!

Texte écrit par :
Dr Benoît Hammarrenger, Ph.D.
Neuropsychologue, auteur, conférencier
Directeur du CERC

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